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Patrick Sorel est un homme d’habitude. Il aime son bus, son trajet et ses passagers. Toute l’année, il conduit le 88, qui traverse le sud-ouest de Paris, de la porte d’Auteuil à Montsouris-Tombe-Issoire. Pendant les Jeux olympiques, son parcours est modifié tous les jours, mais il l’accepte très bien. Avec enthousiasme même. « La RATP a bien fait les choses », reconnaît-il. Elle a publié un petit guide qui détaille les changements prévus.
La « girouette » – cette plaque lumineuse sur l’avant du bus, au-dessus du pare-brise – se met à jour automatiquement pour indiquer le terminus, qui change selon les jours et les épreuves. « Nous avons aussi la radio, explique le chauffeur, qui nous informe sur les déviations imprévues. » Cette dernière est reliée au centre de régulation et d’information voyageurs de la RATP, basé dans un bâtiment discret de Romainville (Seine-Saint-Denis). « Cet après-midi, par exemple, nous avons été détournés : il y avait trop de monde sur le Pont du Garigliano », poursuit-il.
Même si ce n’est pas assez pour les syndicats, la RATP a mis de l’huile dans les rouages pour faire accepter ces changements incessants. Une prime de 25 euros par jour de travail pendant les épreuves et de 25 euros supplémentaires si la ligne est déviée ou modifiée, avec la possibilité de travailler des jours en plus, sans compter les heures supplémentaires car le bus ne rentre pas à l’heure au dépôt. « Cela m’intéresse de gagner plus, c’est clair », reconnaît Patrick Sorel. D’après ses calculs, il pourrait toucher près de 1 000 euros supllémentaires par mois. Il n’a même pas eu à décaler ses vacances : ses enfants sont grands et il a pour habitude de partir en septembre.
La période comporte tout de même quelques inconvénients. Des journées plus longues. « Et beaucoup de touristes paumés, qu’il faut renseigner. » Mais il les trouve « sympathiques ». « Ils sont là pour se détendre, ils ont un contact facile. Ils ont envie de découvrir comment la France fonctionne. »
Il rentre malgré tout « complètement crevé le soir ». La faute à la chaleur surtout. Son trajet aller-retour depuis Chartres, pour prendre son poste à Paris, près de la porte d’Orléans, où se trouve son dépôt de bus, ne pose pas de problème. « Le train fonctionne bien. » La difficulté vient de son bus, qui n’est pas climatisé. « Les passagers me demandent de monter la clim, mais je dois leur dire que je n’en ai pas ! Ils n’en ont pas vraiment pour leur argent », regrette-t-il.
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